Nicolas Gogol et le PS
Je ne pense absolument rien de François Fillon. Il s’agit d’un homme politique, sénateur de surcroît, petit soldat de Sarkozy (qui devrait y aller mollo avec la Vodka), député de la Sarthe : rien vraiment pour le rendre sympathique. Je reste pantois cependant devant sa formule splendide pour qualifier le PS : les “Grandes âmes sêches”. Cela a un côté romanesque très XiXème, evoque le tragi-comique du chef d’oeuvre de Nicolas Gogol. Et sied tellement bien au PS d’aujourd’hui.
(M’est avis que c’est cette dimension littéraire et érudite plus encore que la justesse qui a blessé le parti et l’a amené a exigé des excuses. Quand on se rappelle comment ils ont diabolisé Sarkozy durant la campagne, on se dit qu’ils n’ont décidément aucune dignité.)
Nous voilà donc avec le parti autoproclamé du bien et de la justice, de l’équité et de la république, du respect et des droits de l’homme, de la culture et de l’érudition (remplir suivant les pointillés…) qui se réveille aujourd’hui en voyant un gouvernement de droite placer au gouvernement Rachida Dati (cette implacable beauté résolue), Rama Yade et Fadela Amara. Que le reveil est difficile !
L’organe officiel du parti
Même la voix officielle de notre intelligentsia bien pensante est forcée de reconnaitre :
Quoi qu’on pense par ailleurs de la politique qu’il se propose de mettre en oeuvre, le deuxième gouvernement Fillon est un exemple d’ouverture réussie. On aurait aimé, rétrospectivement, qu’un gouvernement de gauche fût capable de la même audace
Olivier Duhamel sur France Culture ce matin était lui moins fair play en reconnaissant aussi ce courage mais en concluant, perfide :“Ne manque que Marine LePen à l’appel”. En même temps si on veut écouter des personnes dignes et fair play on n’écoute pas Duhamel.
Quant à notre bon peuple de gauche, dans sa grande sagacité il ne se laisse pas berner et distingue déjà les maléfiques intentions Sarkoziennes derrière ces nominations.
Villieristes et Libérationistes sur un bateau
Le plus rigolo dans cette histoire c’est que cela hérisse pour des raisons diverses mais de la même manière les deux blocs monolithiques de la conception poussièreuse de la politique Française.
Tout à ma droite : des familles cathos à la papy Pétain, LePenistes ou Villieristes, qui ragent de voir de voir des femmes (!), jeunes (!!!) d’origine immigrées (!!!) au gouvernement. A ma droite encore, celle des caciques UMPistes qui pestent de n’avoir vu leurs longues années de viles intrigues enfin récompensées.
A ma gauche, cette même idéologie figée qui s’evertue depuis 20 ans à essayer de résoudre sans le moindre succès l’équation du monde du XXIeme siecle avec sa grille de lecture antédiluvienne : ici on hurle à la manipulation.
Républicain et bénêt
Et moi, en tant que républicain un peu benêt, affilié à aucun parti, soucieux de l’équité et de la représentation des minorités dans mon pays (et pas seulement au foot, dans le arennebi ou les faits divers) me demanderez vous ? Voilà : l’avènement de ces femmes de terrain, brillantes, compétentes, diplômées et représentant les minorités qui constituent mon pays, et bien cet avènement me rempli d’une grande joie. Une joie sincère, profonde, républicaine, et me redonne foi en mon pays
Ne reste à nos grandes âmes sèches que cette amertume face à l’Histoire, cette incroyable occasion manquée : celle de ne pas avoir été la force qui a eu le courage d’ébranler ainsi notre république poussièreuse pour permettre la représentativité de toutes ses cultures à la tête du pays. Le reste n’est que belles paroles.
3 Comments