Totem incontournable de la scène underground de Bordeaux, gérant du mythique El Inca, Milos est lui aussi musicien. Membre du duo post rock Standard Flower Bomb, il travaille en parallèle avec le collectif Iceberg sur un versant plus calme et acoustique : Milos Unplugged.
The Mountains People of the Desert : une engeance hippie au coeur de l’Americana, tout en contemplation animiste, trompette calexicoenne et fureur contenue. Des chansons qui démarrent comme des pop songs de haute volée (Peace Of Mind) avant de partir dans un final ébouriffant (The Letter – chef d’oeuvre). La production rêche est magnifique de justesse : le moindre claquement de caisse claire résonne d’une pertinence biblique. Cette justesse préserve l’album de tout dérapage emphatique.
L’album a été enregistré au studio Black Box à Angers, studio que Steve Albini classe parmi les meilleurs au monde. La chaleur barrée de la culture beat installée sur la rocaille du désert : on peut sentir le spectre des productions Albini. On pense en particulier au séminal 1er LP de Palace Brothers pour la dynamique rêche et les choeurs braillés (final d’Industrial Disease ou de Simon).
La voix de Milos, souvent de tête et haut perchée, peut évoquer Adam Duritz (Counting Crows) lorsqu’elle se pose ou encore, par éclairs, Jeff Buckley dans les respirations apaisées (fin de Holy Breathing). Le contraste avec la voix féminine (Annihilation) évoque souvent Norfolk & Western – le coeur de l’Americana, donc.
Ici on apprivoise le silence pour mieux faire surgir des litanies épiques (“I haven’t sung for so long” répété à l’envi dans l’impressionnant Simon). L’album s’achève sur Our Mission, apothéose furibarde, lézardée par une trompette revenue exténuée de Bitches Brew et proclamée par un Milos en Thor stupéfait : l’épique session d’enregistrement (22 heures en continu) laisse des traces.
Une oeuvre rare, vibrante, aux gout âpre et parfum coriace. Achetez ce disque.
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