Esbjorn Svensson était le pianiste d’un des trios jazz les plus passionnants des années 00s.
Aux cotés de The Bad Plus ou de Brad Mehldau Trio, Esbjorn Svensson Trio (E.S.T) a contribué a démocratisé le jazz dans sa forme la plus minérale (piano / contrebasse / batterie) au sein d’une génération élevée au rock. En rupture avec les trios plus traditionnalistes, ces trois groupes privilégent les mesures binaires et laissent affleurer des influences pop : The Bad Plus reprend Aphex Twin ou Blondie, Mehldau Nick Drake ou Radiohead, E.S.T saupoudre son jazz d’electro homeopathique ou de contrebasse légèrement distordue, jouée à l’archet.
Moins verbeux que le torrent Mehldau, moins spectaculaire que Ethan Iverson (Bad Plus), le jeu de Svensson était plus contemplatif, une pâle mélancolie scandinave. Plus qu’à Keith Jarrett ou Chick Corea que l’on evoque beaucoup à son sujet, on pensait aux grands espaces qu’évoque le jeu de Lyle Mays (l’eternel complice de Pat Metheny) et bien evidemment à l’immense Bill Evans.
On ne saura trop recommander l’écoute de Good Morning Susie Soho, From Gagarin’s point of view ou Strange Place for snow.
Esbjorn Svensson a disparu le 16 Juin 2008 dans un accident de plongée.