Le scandale de la génération X | slate.
“(…) Voici un chiffre qui dit toute la vérité sur les mensonges de la France: à l’Ecole polytechnique, un élève sur deux a un parent prof. Oui: un sur deux!
Pour parvenir au sommet des sommets du système scolaire national, la crème de la crème de l’élite, pour intégrer les belles positions, assurées ensuite toute la vie durant, il faut être un enfant du système, avoir le «décodeur» que seuls les «insiders» possèdent: les professeurs.”
Voilà qui n’est pas sans évoquer l’implacable constat que fait Gérard Grunberg dans “Sortir du pessimisme social” :
32,5% des cadres de la fonction publique sont des enfants de fonctionnaires et un enfant dont les deux parents sont fonctionnaires a 41% de chances de devenir fonctionnaire contre 20% si aucun des parents ne l’est) (…) Reste que les thuréfiraires de l’état érigé en rempart contre les inégalités et les reproductions sociales ont mal choisi leur idole.
je suis prof d’université. mon ainé va passer directement du CP en CE2, il lit et écrit couramment. Je n’ai pas demandé à ce qu’il change de classe, cela vient d’une suggestion de la psychologue scolaire.
J’ai récupéré depuis des années des jouets les dimanche matins de printemps dans les vide-grenier, des livres. J’essaie d’associer jeu et apprentissage dans les activités de la maison, j’ai toujours lu beaucoup d’histoires à mes enfants et, je crois, des histoires où la langue était correcte. Nous allons souvent nous promener, dans des endroits variés et tentons d’en apprendre à chaque fois quelque chose – déjà, lire une carte…
J’écris volontairement tout cela sur un ton un peu mièvre. Il n’y a la-dedans aucune combine, aucune découverte. Aucune connaissance que je transmets n’est d’un niveau très élevé et ne nécessite que les parents l’aient eux même apprise à l’école.
Alors, oui, voilà : les profs ont des horaires plus compatibles avec l’éducation des enfants, que d’autres travailleurs. Ils peuvent choisir de travailler, pour partie des activités, aux heures où les enfants sont absents ou endormis. C’est souvent ainsi que je procède.
Quant à devenir fonctionnaire, comme fils de fonctionnaire…. dois-je parler des notaires ou des pharmaciens où, là, surtout dans le premier cas, c’est d’abord une histoire d’argent, d’héritage d’argent et de relations ?
Précisez donc le scandale !
Les programmes scolaires ? Ils sont décidés par les ministres, de droite depuis longtemps.
J’ai le regret de dire que beaucoup de parents allument des âneries médiatiques pour leurs enfants et leur parlent comme à un animal.
J’aimerais ne pas le croire, mais j’en suis très souvent témoin. On achète des choses aux enfants au lieu de s’occuper d’eux.
Trop souvent, il y a un problème de réelle indisponibilité des parents, mais ça n’est qu’une petite partie du problème.
C’est la même droite qui veut le travail du dimanche, donc séparer les parents des enfants, qu’Eric Le Boucher défend depuis des années… il n’y a aucune cohérence dans ces raisonnements.
Au plaisir de poursuivre la discussion.
Merci de votre commentaire PR27.
Voilà qui est très intéressant. Je crois que vous avez tout à fait raison : tout cela est de la faute de Eric Le Boucher en particulier et LA DROITE en général. Le débat a bien avancé, merci, nous flirtons ici avec les cîmes de la rhétorique sociale, là, attention : l’oxygène se raréfie.
Au moins êtes vous clair sur votre perspective. Vous répondez parfaitement à la question de Bourdieu (d’où tu parles ?)
Les pharmaciens font des pharmaciens, les fonctionnaires des fonctionnaires, les chanteurs des chanteurs et les acteurs des acteurs. Quant aux immigrés et aux classes populaires ben pas de bol, ils continueront à faire des petits boulots de merde. De toutes façons ils parlent à leurs enfants comme à des animaux donc ils ne méritent guère mieux, vous avez raison. Chacun à sa place dans la république, les vaches seront bien gardées. Yes we can !
On appelle cela le déterminisme social. Si vous avez la chance de vivre à l’étranger vous pourrez mesurer l’extraordinaire imperméabilité des classes sociales en France. Imperméabilité que des gens comme vous faisant partie de la minorité éclairée défendent bec et ongles. Cela me laisse inconsolable.
Dans les collèges, vos collègues enseignants n’ont aucun scrupule à envoyer dans ces cycles d’apprentissage les enfants issues de l’immigration : ainsi ils n’importuneront plus les leurs qui pourront continuer sur le chemin balisés et accéder à Polytechnique. Note : ma soeur enseigne depuis 3 ans les mathématiques dans un collège de Bobigny et elle s’élève en permanence contre cela : en pure perte. Le plus amusant est que dès qu’il passe le portail, ces mêmes enseignants se drapent à nouveau dans la mousseline de la bonne conscience et défilent le poing levé pour se révolter contre l’injustice sociale infligée aux classes défavorisées. On appelle cela l’intégrité je présume.
Que des enfants issus d’une classe représentants 2% de la population occupent la moitié des places des écoles de l’élite de la nation et qu’ils aient 900 fois plus de chance que les enfants d’ouvriers d’intégrer cette école, trouvez vous cela juste ? Est-ce là votre conception de la république ? Permettez moi de trouver cela discutable.
La différence avec les enfants de pharmaciens : le coût des études des polytechniciens sont a) extravagants b) pris en charge par la collectivité et c) garantissent un statut social qui les suivra toute leur carrière professionnelle quelque soit leur valeur. Il s’agit de l’acquisition d’un statut inoxydable, autre conséquence du manque de fluidité de notre société.
Une vision plus personnelle : j’habite dans un quartier côté de Bordeaux, à côté d’un des meilleurs collèges publics de la région. Population : enfants de professions libérales, cadres sups et de profs. Les profs n’habitent pas le quartier (pas les moyens) mais se débrouillent tout de même pour contourner la carte scolaire et y envoyer leurs gamins. Voilà qui donne une autre perspective sur le rejet de la carte scolaire par le corps enseignant.
Une discussion passionnante en effet.