Le break à l’ile de Ré a tenu toutes ses promesses. Une lumière magnifique (que l’on a payé au prix fort : vent tous les jours), de splendides ballades en vélo parmi des congénères bobos de centre gauche, des joggings matinaux sur la plage à marée basse, des huîtres fraîches, du vin blanc, du pineau et des glaces sur le port de Saint Martin en Ré (majeur – désolé).
Le temps, tout comme l’an dernier, de faire le plein de lecture. Au programme : du polar (Millenium I sur lequel je n’épiloguerai pas l’épatant Charles l’a déjà remarquablement bien fait) et des bouquins pros sur lesquels je reviendrai, offerts durant le séminaire Université du SI : Une Politique pour le Système d’information (rédigé par des collaborateurs d’Octo) et Le But de Eliyahu Goldratt, l’auteur de la théorie des contraintes.
Car l’été c’est aussi le moment de se repaître de presse magazine …
Vox Pop #5 : Marisa Galanter
VoxPop propose une remarquable mise en page aérée. Cela fait une différence considérable lorsque l’on feuillette un magazine inconnu jusqu’alors. Police sans sérif, colonne de texte qui ne prend que la moitié de la page : on se croirait sur un blog.
Nouvelle Star
Au niveau du contenu, un dossier complet sur la Nouvelle Star de M6 et cette théorie intéressante : la Nouvelle Star participe à enfin démocratiser la culture pop chez nous.fr. C’est vrai que voir Manoeuvre en prime time parler à des jeunes interprètes qui viennent de reprendre Leonard Cohen, du Outkast ou du Nirvana, ça nous change de la Star Ac’.
Vieilles Gloires
On retrouve aussi avec plaisir le revenant Edwyn Collins même si on pourra regretter que l’entretien se concentre exclusivement sur le méga hit du bonhomme (Girl Like You – autre pop song pour extraterrestre) sans parler de son oeuvre un peu plus intimiste ni de son travail de producteur sur Setanta records – on pense en particulier au formidable I am The Greatest des Irlandais de A House en 1991.
VoxPopuli
Pour conclure : un magazine pop (le qualificatif figure tous les 5 mots pour ne pas qu’on oublie), avec une belle maquette et un contenu propre, sans surprise, un peu tête en l’air (non Jeff Buckley n’a pas écrit Hallelujah) un peu trop adepte du cut+paste (coquille en page 36 ou on prête à Amandine les même mots que ceux de Benjamin).
Ce qui gêne un peu plus, comme d’habitude pour ce genre de magazine : une volonté féroce d’être un insider. D’où un parisianisme inévitable et étouffant. Le premier article page 9 est sur sur un jeune chanteur, fils de Gérard Ernault l’insupportable éditorialiste de France Football. Le dossier Nouvelle Star se concentre sur Benjamin, fils du redac chef de Jazz Magazine et meilleur pote du batteur des Second Sex (groupe du Vème arrondissement – ça situe socio-cuturellement), double article Marisa Galanter / Jean Charles de Castelbajac etc …
Vibrations Sound #105 : Leonard Cohen
Le numéro 105 de Vibrations comporte un entretien de 10 pages datant de 2005 de l’immense Leonard Cohen. L’homme se fait suffisament rare pour se jeter sur ce magazine bien fichu offrant un panorama vaste et complet des musiques actuelles (même si la Cumbria Argentine n’est pas ma tasse de thé malgré un formidable dossier). Back to Cohen : un extrait saisissant de cet entretien, la plus belle chose que j’ai lue sur les 60s :
Je désirais échapper à la solitude, à la solitude sexuelle, cette solitude d’être et de vivre avec un appétit qu’oin ne parvient pas à satisfaire. Cela rend presque tout le monde fou, cela rend les hommes fous. Bien sûr cela m’a rendu fou moi aussi. Et j’ai eu beaucoup de chance parce que c’était les années 1960 et qu’il était possible de satisfaire ce désir. Pendant un court moment dans l’histoire sociale, il y a eu une très grande coopération à ce sujet entre les hommes et les femmes.
Cela a duré peut-être 15 ou 2 minutes mais il y avait beaucoup de compassion et de compréhension ; la femme comprenait ce que vous vouliez même si ce n’était pas sa priorité et vous compreniez ce que la femme voulait même si ce n’était pas votre priorité. Cet accord était non dit et d’une grande générosité. Ce n’était pas un contrat, ce n’était ni écrit ni compris : simplement accueilli. J’ai ainsi été très chanceux que mon appétit coïncide avec ce très rare fait – je ne sais pas comment l’appeler – religieux, social. Cela a permis à des femmes et des hommes, aux garçons et aux filles que nous étions de se rassambler dans une union qui satisfaisait les deux camps.
Ajoutez à cela un entretien de Bruce Weber pour son film sur Chet Baker et vous avez un sommaire de très haute tenue.
Rock&Folk #496 : BB Brunes
C’est une bien étrange sensation que de relire aujourd’hui Rock&Folk. Avec la même maquette, le même contenu, la même ligne éditoriale qu’il y a 30 ans.
Et de réfléchir ce qui fait qu’après 20 ans de ringarditude absolue, Rock&Folk retrouve aujourd’hui grâce aux yeux des ados (dont ma fille). Deux réponses a) le flair de Philippe Manoeuvre qui s’est jeté sur la Paris Teenage Rock scene avec ces soirées au Gibus le Vendredi soir depuis 2005 et a ainsi pu rétablir le contact avec toute une nouvelle génération de rockers et b) la nostalgie ridicule du rock 80s dont R&F était la voix officielle.
J’ai aussi acheté les Inrocks (pour la compil Un Ete 2008 et l’article de Francis Dordor sur Led Zeppelin) – vraisemblablement la première incursion du dirigeable chez JDB) et pu ainsi réfléchir sur les fortunes croisées de ces deux magazines, leur phases de branchitude inversées.
Inrocks vs Rock&Folk
Incontournable pour la génération bobo (i.e la mienne) de la fin des 80s à l’aube des 2000s, les Inrocks sont vu comme chiants, intellos et trop généralistes par les ados d’aujourd’hui fans de cette teenage scene et lui préférant R&F.
Ces derniers faisant l’apologie du grand guignol rock alors que les Inrocks ont cette perspective austère (les mottos Interviews & Chroniques / Trop de couleur distrait le spectateur du bimestriel), littéraire, et privilégient le rock intimiste, le rock de chambre comme ils qualifient si justement le Velvet Underground dans le numéro mythique du bimestriel consacré aux protégés d’Andy Warhol (#24 crois-je savoir).
Comment les Inrocks pris en sandwich entre ces deux générations (ceux qui avaient 20 ans au début des 80s et qui sont aujourd’hui aux manettes de l’industrie mediatico-culturelle d’une part et d’autre part leurs enfants) vont pouvoir maintenir leur statut d’incontournables de la hype.fr ? Voilà qui va être intéressant à suivre.
Le monde 2 Hors Série : Les Américains
Acheté pour la magnifique photo de couverture (que je ne suis pas parvenu à googler, Damn !).
Un ensemble d’articles sociaux, économiques et politiques sur l’Amérique d’aujourd’hui. Ne pas louper l’entretien avec Jeffrey Madrick grand analyste économique américain, les papiers des auteurs Jonathan Franzen (Les Corrections – chronique familiale américaine très recommendable) et Douglas Kennedy, les portaits d’Obama et Clinton et le photorama d’Andrew Bush qui à l’aide d’un appareil photo fixé sur sa portière passager et actionné par une télécommande, prend en photo les américains qu’il double sur les highways.
Courrier International : Marx le retour
Evidemment pour le dossier sur le retour de Karl Marx.
Quelques informations intéressantes. Dans un grand sondage de 2005 les auditeurs de la BBC l’ont élu plus grand philosophe de tous les temps.
Une autre, stupéfiante : 2% de l’humanité concentre plus de 50% de la richesse de la planète. Que pour conclure je mettrai en parallèle avec celle-ci qui, bizarrement, choque beaucoup moins de monde chez nous.fr. En France, 50% des places de classes préparatoires (i.e l’élite de demain) est occupée par 2% de la population : les enfants d’enseignants. Les intermittences de l’indignation, j’imagine.
Que 50% l’élite de demain soit issue d’enfants de profs soit des théoriciens purs et durs coupés de la réalité du monde me désole….à un point! tu peux pas savoir
Je serais d’ailleurs curieux de savoir la proportion d’enfants de profs dans le privé sachant que leurs parents sont parfaitement conscients de l’état de déliquescence de notre Education Nationale.
hmm … ne te fais pas de soucis : en sortant de classe prépa, ce ne sont pas que des théoriciens. Ils ont bien la tête sur les épaules. Formatés mais super efficaces.
le problème est plus sur l’égalité des chances (le grande cheval de bataille idéologique de la gauche et donc des profs).
Car les enfants de profs prennent 50% des places, la progéniture des cadres sup en prend 30%. 10% environ de la classe d’age prend donc 80% des places dans l’antichambre de l’élite.
Les 90% de la classe d’âge restant se partagent 20% de place. Ce qui fait qu’un fils d’ouvrier a statistiquement 90/2*50/20 = 45*2.5 = 110 fois moins de chance qu’un enfant de profs d’accéder à l’anti chambre de l’élite de la société. Et pour cette réalité là, je ne trouve personne pour s’indigner.
Tu m’étonnes que les profs ne veulent pas toucher à la carte scolaire : c’est eux qui savent le mieux la contourner pour leurs enfants.
Pour ce qui est de ta dernière question soit rassuré : on a plus de 60% de nos étudiants qui rêvent de devenir fonctionnaire. L’image que véhicule l’entreprise dans notre inconscient-collectif.fr y est certainement pour quelque chose.