Citations du Dimanche – Michel Serres

Face à ces mutations, sans doute convient-il d’inventer d’inimaginables nouveautés, hors les cadres désuets qui formatent encore nos conduites, nos médias, nos projets noyés dans la société du spectacle. Je vois nos institutions luire d’un éclat semblable à celui des constellations dont les astronomes nous apprennent qu’elles sont mortes depuis longtemps.  Pourquoi ces nouveautés ne sont point advenues ? Je crains d’en accuser les philosophes dont je suis, gens qui ont pour vocation d’anticiper le savoir et les pratiques à venir et qui ont, ce me semble, failli à leur tâche. Engagés dans la politique au jour le jour ils n’entendirent pas venir le contemporain.

Michel Serres est un personnage admirable. Dans Petite Poucette, l’académicien octogénaire ne tarit pas d’éloges sur le monde du 21ème siècle ni sur l’héroïne qu’il lui associe : la Petite Poucette, cette étudiante impliquée qui tape de ces pouces sur son téléphone portable à une vitesse qui impressionne le philosophe.

On retrouve dans ce court et tonique essai des idées que l’enseignant de Stanford a déjà évoqué lors de conférences à l’USI 2008 (l’ordinateur portable comme puis de savoir, disposé devant nous comme la tête de Saint Denis) ou en 2011 (le 20ème siècle comme fin du néolithique, le contexte historique de cette génération qui n’a pas connu la guerre ou la douleur physique et qui bénéficie d’une espérance de vie qui a doublé en 2 siècles).

On a le droit de voir dans son expatriation sur la côte Ouest les raisons d’une vision moins catastrophée du monde hyper moderne que, disons, Raphaël Enthoven.

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