Luc de Brabandère est philosophe d’entreprise et fellow au Boston Consulting Group. Un de ces speakers pluri-disciplinaires à la culture très étendue, que l’USI propose à son auditoire pour étendre ses perspectives. Luc est intervenu en 2009 (voir article) et aussi en 2014.
Un ouvrage philosophique sur l’innovation : il ne s’agit ici pas de spéculation intellectuelle par un chercheur depuis sa tour d’ivoire ou sa bibliothèque d’université. On voit ici une réflexion inspirée par une confrontation permanente au monde des innovations et des trouvailles scientifiques. Une pensée qui fait cet aller-retour (déductif, inductif) incessant pour éclairer les grandes inventions de multiple perspectives.
L’ouvrage prend racine dans une question d’un des participants à une conférence sur l’innovation : “Vous dites qu’il faut sortir du cadre mais de quel cadre parlez-vous ?”.
Il s’agit d’un petit livre pratique, dans à peu près tous les sens du terme. Court, percutant, drôle, facile à lire, pétri d’idées et d’observations confrontées à la théorie philosophique. Compter 3 heures de lecture.
Il y a de nombreuses idées dans ce livre mais ce qui le rend si utile et actionnable pour penser l’innovation ce sont les nombreuses définitions qui apportent un éclairage salutaire sur ces questions dans lesquelles on risque toujours de se prendre les pieds dans le tapis des généralisations stériles. Exemple :
“Il y a deux formes de pensée : la déduction qui part d’une hypothèse et se confronte à la réalité, et l’induction qui à partir de l’expérience conduit à des hypothèse.”
“L’étincelle de la trouvaille n’est possible que par induction, mais elle ne prend sons sens que grâce à un lourd travail de déduction.”
“Il y a 4 catégories de cadre : les connaissances, les croyances, les représentations (constructions de l’instant). Les cadres de quatrième type conduisent aux trouvailles.”
“Les cadres par définition résistent au changement. Mais le monde qu’ils encadrent change tous les jours. Des tensions inévitables apparaissent donc (…).”
“L’art de la créativité est celui de construire des nouveaux cadres de pensée qui permettront alors de nouvelles trouvailles.”
“Pour pouvoir penser, il faut pouvoir oublier. Sans prise de distance par rapport au monde, l’homme ne peut forger de concept, il ne peut penser.”
“La clarté et la distinction ne peuvent pas être les critères absolus de la vérité. Par contre, l’obscurité ou la confusion sont susceptibles d’être des indices d’erreur.”
La grande valeur de ce livre est d’apporter un éclairage rigoureux et salutaire sur le processus créatif. Pour autant ce livre ne rend pas le lecteur plus créatif par quelque miracle. Il permet toutefois de prendre le recul nécessaire pour se poser les bonnes questions qui pourront éventuellement permettre de le devenir.
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