“L’expérimentation est le contraire de la politique comme système : elle se niche dans les choses minuscules, elle se construit par le bas, elle se répète et recommence.”
Le retour des citations du dimanche avec une belle phrase de la philosophe Judith Revel, qui oppose l’expérimentation et le politique. On pourra lui rétorquer cette vision de James Kloppenberg qui pose l’expérimentation comme un champ potentiel de stratégie politique.
Une citation qui apporte néanmoins un éclairage intéressant sur ce qui se joue au sein de nos organisations ….
Lean et expérimentation
Depuis mon activité professionnelle, je prends cette citation comme une apologie de la pratique du lean dans les organisations. Le lean n’est rien d’autre qu’orchestrer à tous les niveaux de l’entreprise, auprès de chacun, chaque jour, de petites expérimentations qui vont faire avancer ce système socio-technique, à petits pas, dans la direction souhaitée. Une approche éminemment vertueuse lorsque appliquée selon ses principes originels, celui du développement des personnes.
Une approche qui implique tout le monde en se concentrant sur la perspective du client, approche tant redoutée par les intrigants de l’entreprise qui s’intéressent à sa dimension politique (i.e. construire des alliances pour gagner du pouvoir et imposer son point de vue) et par une vision taylorisée de l’organisation dans laquelle les chefs réfléchissent et les petites mains exécutent.
#PlanQuinquennalStartup
L’auteure se désolidarisera sans aucun doute de ma lecture, à cette époque éminemment politique où un des candidats à notre élection présidentielle 2017 a ouvertement fustigé le management Lean durant un grand débat politique télévisé.
L’incarnation selon lui de “l’exploitation des travailleurs” au bord du “burn-out” dans les entreprises privées, yada yada, yada. Un autre exemple de propagande que ce blog ne connait que trop bien. Ce candidat qui se prétend être au fait monde du numérique et des startups nous expliquera-t-il le #PlanQuinquennalStartup, le moteur de leur agilité ?
La misère de la justification
Anyway : une belle citation lue dans “Courir, Méditations Physiques” un court essai dans lequel le philosophe Guillaume Le Blanc s’excuse à longueur de citations ou de belles métaphores d’être un philosophe coureur plutôt qu’un philosophe qui marche.
Le monde de l’entreprise n’est sans doute pas un monde accueillant ni facile. Au moins n’y est-il pas nécessaire de se justifier, dans une langue flamboyante, du plaisir que l’on éprouve à répondre à un besoin aussi naturel et primaire que celui de faire de l’exercice, ni de l’allégresse que provoque cette belle sensation lancinante du sport de fond durant lequel petit à petit l’ensemble du corps et de l’esprit s’aligne sur un objectif commun : faire le pas suivant. Car à la lecture de cet ouvrage perclus de culpabilité, cela semble vraiment être le cas dans le milieu académique : “je cours mais ce n’est pas pour cela que je suis cet être libéral épris de performance”. Quelle misère.
Brain Rules
On ne peut que leur recommander la lecture du Brain Rules de John Medina dans lequel le chercheur américain explique, dans une langue claire et malicieuse, sans circonvolutions superfétatoires, que l’activité physique est bénéfique au cerveau en ce qu’elle accélère son oxygénation et l’évacuation de ses toxines.
Espérons que ce petit ouvrage encourage nos amis universitaires à suivre l’exemple de Guillaume Le Blanc, d’expérimenter la course et sortir prendre un peu l’air : la vie bonne passe aussi par un corps sain et tonifié.