Rework.fr : l’entreprise apprenante selon Octo

partageons octo

Au terme de la session de préparation de l’USI 2012, François Hisquin a offert aux futurs conférenciers (dont votre serviteur) ce petit ouvrage qui dépeint la culture de l’entreprise qu’il dirige : Octo Technology.

Je me suis souvent demandé lors de la lecture de Rework (par 37Signals), quel pourrait donc être l’équivalent français de ce livre. Synthétique, inspiré, drôle, traitant de front des problèmes empoisonnant la vie des organisations et proposant des solutions pratiques.

Pour dire la vérité, je me suis même parfois, sous le coup d’accès de découragement, demandé si j’aurais le temps durant ma vie professionnelle de le voir paraître. Et bien voilà : cela s’intitule Partageons ce qui nous départage et c’est un ouvrage court, collectif et représentatif de ce que peut être une entreprise française agile … 

Narration polyphonique

Très souvent, les ouvrages de management sont théoriques et utilisent des études de cas pour asseoir leur proposition. Etudes de cas desquelles le narrateur est souvent étranger en ce qu’il n’a pas été directement impliqué. Cela peut donner une vision légèrement tronquée ou tout au moins partisane du cas.

Ce livre est rédigé par une vingtaine de collaborateurs de l’entreprise, toutes directement concernées par le sujet dont elles traitent. Chaque sujet est écrit sous forme de vignette d’une ou deux pages, sans que l’on en connaisse l’auteur. La multiplication des perspectives subjectives donne ainsi une vision croisée tout en conservant une certaine homogénéité, à travers des traits communs forts : enthousiasme, humour, curiosité.

On appelle cela de la culture d’organisation et c’est remarquable.

Lecture Rapide

Il s’agit là d’un ouvrage éminemment pratique. Compter environ 90mns de lecture (et une bonne vingtaine de fous rires, concrètement).

Chaque texte (il y en a une cinquantaine) expose un problème, une solution, une référence théorique sur le sujet ainsi que des suggestions pour que le lecteur puisse mettre en oeuvre tout de suite le principe proposé. Le tout en une ou deux pages efficaces et actionnables, une approche pédagogique comparable à celle de l’ouvrage de Jason Fried et David Heinemeier Hansson.

Mention spéciale à ce sujet sur les méthodes ROTI, Intention Check, Vis Ma Vie ou, la Boîte à Meuh ou comment intégrer une culture saine et transparente avec de simples outils de communication.

Creating Passionate Coders

Chacune des interventions est illustrée. Cela permet d’aérer la mise en page et de contribuer à la dimension particulièrement ludique de l’ouvrage. Là encore, on retrouve un point commun avec Rework.

Les illustrations, malicieuses et pince-sans-rire,  évoquent les visuels utilisés par l’immense Kathy Sierra pour ses Head First Series et pour un des meilleurs blogs de marketing des années 00s (aujourd’hui au point mort, hélas) : Creating Passionate Customers.

Du panache

Le livre va jusqu’à décrire le processus de sa propre réalisation. Un processus forcément agile : par petits lots (des textes courts),  incrémental, remontant la qualité au plus tôt (relectures croisées), timeboxed (une date butoir fixée 3 mois après le départ) comme pour bien montrer que l’entreprise aligne ses actes sur ce qu’elle prêche.

Du panache que l’on retrouve dans le très beau texte sur l’idée de la sollicitation de Neil Armstrong pour la première édition de l’USI, idée qui semblant folle au départ (Seul le non est acquis en est son titre) s’est avérée non seulement possible mais c’est, au final réalisée.

Panache que l’on retrouve aussi dans la mise en pratique du fameux principe de Vineet Nayar (Les employés d’abord, les clients ensuite) dans le texte Le Jour où j’ai dit non à un client.

Panache enfin qui transforme une activité d’alimentaire en funky et qui pousse des équipes passionnées à terminer leur texte durant leur vacances, comme l’avoue honteusement David Alia, le leader du projet.

L’entreprise apprenante

On pourra bien entendu m’objecter qu’il peut s’agir d’une simple vitrine d’une entreprise qui n’y expose que les voix alignées avec la stratégie de communication. N’en demeure pas moins qu’Octo a été élue Best Place To Work ces deux dernières années et il n’est pas scandaleux d’établir un lien de causalité entre l’enthousiasme qui déborde de cet ouvrage et ce résultat notable.

Seule ombre au tableau : le titre. Ou pour le formuler selon le Perfection Game : j’aurais mis 10 avec un titre moins alambiqué et plus accrocheur. Partageons ce qui nous départage ne rend pas hommage à l’esprit vif et frondeur du livre.

Ce que l’on retient au bout du compte est une dynamique collective d’amélioration continue ou chacun se repose sur l’autre pour s’améliorer, apprendre et apprendre encore (l’open bar pour les livres est très représentatif de cette curiosité insatiable). Le petit exercice spontané d’introspection collective qu’a suscité ma présentation est tout à fait représentatif de cette dynamique.

Une confiance palpable, des limites assumées (le texte eco-illogique) et un questionnement incessant (sur la documentation) tout cela concourt à donner l’image d’une organisation apprenante, ludique et vertueuse, dont le management a fait sienne cette maxime de Bob Sutton : Great boss is confident but not really sure.

Du beau travail.

2 Comments

  1. Bonjour David,

    Merci pour ton commentaire; Non seulement l’ai-je vu et apprécié mais je l’ai tweeté. Beau travail !

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