“Je suis étonné que vous ayez tant utilisé le mot changement dans votre présentation. Comme si c’était la clef pour améliorer la situation. Vous devez comprendre qu’en France c’est précisément ce mot qui nous fait peur. Le changement pour nous, cela veut dire que la situation empire, pas qu’elle s’améliore.”
Peter Gumbel vient de publier Elite Academy, ouvrage sur lequel #hypertextual (qui a déjà chroniqué le rafraîchissant On Achéve bien les Ecoliers) va évidemment longuement revenir.
Nous profitons de cette sortie pour citer un autre ouvrage essentiel du britannique : French Vertigo (2006), son premier essai (dans un français admirable) sur ce que lui inspire les incohérences de notre pays. Il reporte dans cet extrait les commentaires d’un enseignant d’économie venu assister à un séminaire animé par l’auteur à l’institut de l’entreprise.
Journaliste, grand reporter au Times Magazine, ancien directeur de la communication à Sciences Po, Peter est un journaliste britannique amoureux de la France, pays dans lequel il vit depuis 2002.
Second extrait ce ce French Vertigo :
“Si j’étais à l’Académie Française, j’interdirais l’expression “réforme de l’état” dans la langue française. Le terme a été trop utilisé, politisé. Il est aujourd’hui dépourvu de sens (…) Depuis 1995 , neuf ministres français ont été chargés de la réforme. Dans la mesure où, malgré les successions à ce poste, les problèmes de la fonction publique se sont aggravés, tout cela parait bien risible.”
Un peu à la manière de Sophie Pedder, Gumbel offre une perspective étrangère, et donc salutaire. Cela peut aider à sortir des sempiternelles et bien peu productives chamailleries droite-gauche et autres guerres d’influence corporatistes dans lesquelles s’empêtrent nos réflexions et actions politiques alors que le pays sombre, pétrifié dans une impuissance institutionnelle liée à des croyances d’un autre âge, éprouvant toutes les difficultés du monde pour prendre en marche le train du 21ème siècle.