Nous, on rêve tout le temps, on est des machines à virtuel. Et voir le réel n’est pas donné à tout le monde. Pour voir le réel, il ne faut rien moins qu’une révolution, une puissante révolution comme celle réalisée par Galilée et Newton. Je retourne donc la question. Le réel n’est pas là, devant nous. Et c’est une performance de parvenir à la regarder tel qu’il est.
En 2008, la keynote d’ouverture de la première édition de l’USI était assurée pas un octogénaire malicieux : Michel Serres y parlait de l’innovation. C’était une authentique révélation.
Dans le numéro 100 de Philosophie Magazine (Qu’est-ce que la Philosophie) l’académicien répond ainsi à l’habituelle question liant le numérique à une aliénation virtuelle. Il ne s’agit pas d’un changement radical plutôt d’un changement d’échelle. Et de poser un des problèmes essentiels de la condition humaine : comment voir le réel, là devant nous.
Il s’agit d’une question qu’un autre sage, Taiichi Ohno, a posée dans le contexte du travail et qui est le socle du management Lean. Une question que l’on doit se poser en permanence pour s’assurer que nous ne sommes pas emportés par “notre narratif interne”, comme le dit Michael Ballé. Question que Scott Berkun reformule inlassablement : How do you know what you know ? Question Socratique qui, étrangement, met très mal à l’aise les travailleurs de la connaissance et que, évidemment, je pose sans cesse.
Question avec laquelle je vous laisse pour ces vacances. J’en profite pour vous souhaiter un bel été.