Numérique : comment affûter son Bullshit Detector

bs vu

Avec l’avènement du numérique, le monde des possibles de l’entreprise est en pleine expansion. Un océan d’explorations potentielles se présentent mais les dirigeants ne savent trop par où commencer. C’est dans cette brèche que s’engouffrent des gens comme nous qui pratiquent l’accompagnement pour proposer aux entreprises les meilleurs conseils.

Si, dans la vaste majorité des cas, il s’agit de professionnels compétents qui apporteront en effet des conseils précieux et de la valeur aux entreprises, il n’en demeure pas moins qu’une seconde catégorie de professionnels va profiter de l’opportunité pour vendre du rêve. Du vaporware identifiable à travers une proposition de valeur discutable sur des sujets aussi importants que la stratégie, la technologie, le management ou encore le positionnement marketing. Le fameux bullshit que, malgré sa grande richesse, la langue française n’est pas parvenue à traduire avec autant d’éloquence.

Un sujet si important qu’il est apparu à de nombreuses reprises lors de l’édition 2017 de la conférence BlendWebMix : un principe inclus dans le titre même de la keynote de clôture de Cyrille de Lasteyrie.

Bref : ce billet pour vous aider à distinguer le bon grain de l’ivraie dans un marché saturé de propositions.

Bullshit Detector

Dans son célèbre billet How to Call Bullshit on a Guru or Expert, Scott Berkun présente une série de questions essentielles qui vont vous permettre, en fonction de la nature et de la pertinence des réponses données, de jauger la pertinence de votre interlocuteur.

La question essentielle est celle-ci : comment savez vous ce que vous avancez ? Quelle preuve tangible de causalité pouvez vous établir entre la solution que vous proposez et les résultats que vous promettez ? Dans quelles conditions avez vous appris ce que vous prétendez connaître ?

Exemple de première main ?

La seconde question concerne les exemples de réussite donnés. S’agit-il toujours des sempiternels géants du web ? Tout le monde peut raconter une histoire venant de Google, Netflix ou Amazon, il suffit juste de lire les bons bouquins ou les bons articles. Mais raconter une histoire personnelle que l’on a vécu soi, c’est un peu plus compliqué. Si c’est le cas, l’interlocuteur peut-il raconter l’histoire avec la situation de départ, les obstacles identifiés, les problématiques de mise en oeuvre et, enfin, l’élément qui a fait basculer cette mise en oeuvre pour obtenir les résultats escomptés ?

À titre d’exemple, je ne lis plus de business book dans lesquels les histoires sont celles d’autres entreprises et d’autres acteurs que l’auteur. Cela permet de gagner un temps incroyable en lectures inutiles. Sans compter qu’il est éthiquement discutable de s’attribuer ainsi, en quelque sorte et indirectement, le succès des autres.

Buzzword Bingo

Un bon indicateur des intentions de la personne peut aussi se jauger au jargon utilisé avec le fameux Buzzword Bingo. Y-a-t-il de nombreux buzzwords (lire mot clefs tendance dans l’industrie) dans son discours ? Sait-il expliquer posément et en français la nature des différents concepts présentés ? Si c’est le cas pour quelle raison emploie-t-il cette terminologie exotique ? (je sais : #hypertextual qui se moque du buzzword bingo c’est un peu l’hôpital qui se moque de la charité : anyway).

Mise en oeuvre ratée ?

Un autre élément est la capacité de la personne à présenter des exemples de mise en oeuvre ratée de la technologie / méthode / technologie proposée. Si la personne concède des cas qui n’ont pas fonctionné il fait probablement preuve d’honnêteté. Cela permettra aussi de jauger sa capacité d’amélioration en le questionnant ensuite sur les enseignements retirés de cet échec et sur ce que cela a changé dans ses pratiques.

Un bon indicateur de réflexion sur l’échec sera lié au fait que le motif invoqué est systémique (dans ce contexte là nous n’avions pas prévu que etc …) plutôt que personnel (c’est à cause de ce manager qui nous a mis des bâtons dans les roues).

Approche Socratique

Comme le raconte Berkun dans son article, tout cela remonte à l’approche Socratique qui prend comme présupposé l’ignorance plutôt que le savoir : la personne ne sait pas tant qu’elle n’a pas montré qu’elle savait.

Cette approche éminemment moderne permet d’éviter de nombreuses déconvenues sur des sujets critiques pour une entreprise fragilisée par la démultiplication des possibles.

2 Comments

  1. Merci pour votre article Cecil, attention il y a une faute de syntaxe dans votre première phrase “est en pleine d’expansion”, ça m’arrive aussi quand on est trop pressé on ne prend pas toujours le temps de se relire.

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