
“Current business thinking leads us to think about customers in terms of segments or persona. (…) In the space you leave between your generic approach and the needs of a specific customer lies an opportunity for a competitor to step in. Conversely, digging deep into the expectations of each customer will uncover opportunities to create more value and accelerate growth.“
J’en ai déjà parlé à de nombreuses reprises, j’ai eu la chance d’être coaché pendant plus d’un an par Régis Médina alors que nous étions tous les deux collègues chez Operae.
La recherche de l’épure
Il y a chez Régis cette recherche du geste parfait, un geste efficace et produit avec le minimum d’effort apparent. Une question qu’il me posait souvent dans son coaching : “oui, mais quel est le geste, Cecil ? “ – (voir cet extrait de #hyperlean en action.)
Cela se traduit dans ses écrits par une économie du verbe et dans ses supports visuels par une recherche de l’épure. Learning to Scale est à ce titre représentatif de son auteur : une écriture minimaliste, épaulée par de nombreux visuels pour rendre le propos le plus intelligible possible. Dans sa forme il n’est pas sans évoquer “Badass – Making Users Awesome” de Kathy Sierra.
Cette recherche de l’efficacité se traduit aussi par un sens fulgurant de la formule que l’on retrouve dans la citation ci-dessus (on démarre par le client – normal) ou à d’autres endroits de ce livre :
Lead time reduction acts as a powerful detox plan : problems are surfaced, ready to be resolved.
Just reacting to random events is a waste of people’s intelligence and time. A much better use of their capabilities is understanding the causes of variation and finding creative approaches to improve known, controlled activities.
Un retour inlassable au TPS
Une deuxième question que me posait Régis dans son coaching : “On est où, là, dans le TPS ?”. Une question qui avait pour objectif d’utiliser le Toyota Production System pour recadrer le contexte afin de mieux appréhender le problème auquel nous étions confrontés. S’agit-il d’un problème de valeur ou de satisfaction client (le toit) ? De qualité (premier pilier) ? De juste-à-temps (deuxième pilier) ? Quel est le standard (premier étage du socle) ? S’agit-il d’un sujet de variabilité (deuxième étage du socle) ?
Une référentiel si important dans la pensée Lean que l’auteur a organisé son ouvrage autour du TPS, en le mettant en perspective avec l’approche 4F (Find, Face, Frame, Form) développée par Ballé et al. dans Lean Strategy. On voit ici à l’oeuvre ce travail de “chercheur en lean” tels que nous pourrions nous qualifier, nous qui analysons ce système d’apprentissage d’une profondeur insondable sous tous les angles afin d’en mieux comprendre la fausse simplicité et la tension fertile.
Learning to Scale a pour objectif de montrer comme cette façon de penser le travail (Lean is not about how we organize work, it’s how we think about it rappelle-t-il) peut offrir une une stratégie de croissance rapide et robuste aux PME du numérique. Régis le sait car il accompagne de nombreuses start-up, avec des résultats spectaculaires (Theodo, Qonto, JVWeb etc …).
Où sont les apprentissages ?
… Est une question que m’a posée fort justement un Senseï peu commode qui visitait une des entreprises que j’accompagnais. Une question que nous pourrions poser à Learning To Scale. Car si le framework théorique est présenté d’une façon exemplaire en termes pédagogiques, on pourra regretter que l’auteur ne partage pas ici quelques uns des apprentissages vécus par ces dirigeants et ces équipes qu’il accompagne sur le terrain. On aurait rêver avoir ces histoires d’équipes, de business et de technologies racontées de façon plus détaillée et spécifique pour illustrer la pertinence du TPS comme outil pour développer de l’apprentissage validé.
C’est d’autant plus regrettable que ces apprentissages sont nombreux et que Régis a un talent singulier pour en raconter les détails éloquents. Des apprentissages qui trouvent leur source sur le Gemba à travers d’authentiques épiphanies pour ces entreprises. Cela aurait donné une épaisseur narrative et une dimension plus humaine à cet ouvrage plutôt technique. De la même manière l’applicabilité au contexte du numérique n’est qu’effleurée et aurait mérité un développement plus significatif. Espérons que ce soit la ligne éditoriale pour le second volet.
Un must pour la compréhension du lean
Il n’en reste pas moins que Learning To Scale est un excellent guide pour comprendre le lean et son applicabilité dans le monde du numérique : synthétique, pédagogique, actionnable et réalisé par un des experts mondial du domaine. Une lecture que je recommande vivement.